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Reportages

Un regard, celui d’un photographe-auteur, porté sur un monde clos d’initiés, à distance du journalisme et des sciences des religions et sociétés. 

DERVICHES RUFAI
PRIZREN
22 mars 2016

LA TRANQUILLE FIERTÉ DES DERVICHES RUFAÏ

Soufisme est le nom de l’un des mouvements ascétiques et mystiques de l'islam, dont l’ histoire remonte à l'origine même de l'Islam. Tout comme les différentes écoles juridiques de l'islam se sont développées au fil du temps pour réguler la vie sociale du peuple, se sont parallèlement développées diverses pratiques spirituelles et divers rituels : les tarikkat, pour réguler la vie spirituelle du peuple.

 

Un membre d'un tarikkat, groupe spirituel ou communauté, est appelé sufi (du mot arabe suf qui peut signifier vêtement de laine porté par les pauvres, autrement dit pauvreté et modestie), ou encore derviche (du mot persan signifiant mendiant, pauvre ou encore porte). Ainsi métaphoriquement parlant, un sufi est celui qui porte un manteau d'agneau comme signe de sa pureté intérieure, et va de porte à porte diffuser des enseignements spirituels. Les premiers derviches sont apparus à la péninsule des Balkans, et plus tard au Kosovo, venant de la Turquie, de la Syrie et d'autres parties de l'Empire ottoman.

 

Au centre de Soufisme est l'invocation d'Allah (dhikr) pratiquée de différentes manières : dans une prière silencieuse du cœur, par la parole ou par la danse rituelle. La pratique ici présentée est l'histoire de Rufai « fraternité « , l'un des douze ordres derviches dans l'Islam. Leur dhikr particulier assume le piercing (ou transpercement) rituel.

 

En l'honneur de la naissance de Hazreti (l'Honorable) Ali, le premier des douze imams qui ont suivi les enseignements du Prophète Muhammad, se tient chaque année le 22 mars en la tekke (monastère sufi) de  Prizren (Kosovo) la cérémonie du dhikr, dirigée par Sheikh Adrihusein Shekhu… qui a hérité de ce rôle honorable de son défunt père tout comme l’un de ses fils héritera de lui.

En cette journée spéciale, la tekke ouvre ses portes à de nombreux invités. Parmi eux, des représentants d'autres tarikkats, la KFOR, l'OSCE, des diplomates, des notables et des invités de l'étranger. Les hommes sont assis autour du tapis de cérémonie et les femmes assises au balcon.

 

Les derviches, vêtus de tuniques noires et blanches, commencent leur rituel par le chant et la danse circulaire rythmique. Plus tard, quand le rituel se rapproche de son zénith, le rythme des chansons est intensifié par des tambours et des cymbales. Ceci annonce le moment le plus important du dhikr, celui où Sheikh invite ceux qui ont atteint la maturité spirituelle pour le transpercement.

Le plus jeune fils de Sheikh d’abord, les autres enfants et plus tard  les derviches plus âgés, reçoivent l'aiguille qui transperce la joue, sans aucune expression de douleur ni spasme. Tout aussi miraculeux est que, après l’enlèvement de l’aiguille par le Cheikh aucune trace de sang n’apparait sur les visage. Si toutefois une goutte apparaît, elle confirme  qu’il n’y a ni illusion ni tour de magie.

 

A l’issue du rituel, les visages des derviches présentent un sentiment de fierté calme et attestent qu'une personne qui aime vraiment et atteint un amour profond pour le puissant Allah est capable de surmonter les limites du monde matériel, comme la peur et la douleur, la force spirituelle étant au-dessus des limitations matérielles. «Dieu existe ! Et vous êtes une forme de cette existence« rappelle Cheikh Adrihusein Shek.

 

 

 

Cérémonie en la tekke des Derviches Rufaï de Prizren (Kosovo). Attention, certaines images peuvent heurter la sensibilité des enfants.

Deux poèmes de Nicolas Maier, suite à sa visite de l'exposition  "PhotoReporters Off 2016 ".

Cercle enivrant

Le cercle est un endroit où l'on existe pas à pas.

La transe est un lieu où on n'existe pas.

La musique entêtante rythme le voyage intérieur.

Le souffle y est tranquille.

Subtil au-delà

Rampe d'accès à une paisible ouverture artistique,

Femmes et hommes séparés, par le respect et l'esprit rassemblés.

Le corps essentiellement par l'ouïe ouvre la voie à un au-delà du subtil.

Il souffle ici un sentiment de décorporalité.

Nicolas MAIER

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